Les lettres (So What !)

On oublie bien trop vite l'émerveillement qui nous prenait, enfants, lorsque nous recevions des cartes postales ou des lettres. Ces missives semblaient alors chargées d'un je-ne-sais-quoi de magique, un souffle d'amour incroyable que nous envoyaient allègrement parents, oncles et tantes, parrains et marraines, de leurs destinations lointaines. Ma sœur collectionnait les timbres, je collectionnais les cartes postales.

J'adorais les recevoir, lire et relire les petits messages griffonnés derrière, comme autant d'indices d'une chasse au trésor à travers le monde. Je n'ai jamais oublié cette émotion (qui m'assaille toujours aussi facilement à la vue d'un timbre, fût-il français ou étranger !), si particulière, si propre aux lettre, si différente de cette indifférence à la vue d'un mail...

Cet échange de lettres, de cartes postales, me fait toujours me sentir comme chez moi entre les pages d'un roman, fût-il épistolaire ou non.

Voici donc les plus beaux livres épistolaires que j'ai eu le plaisir de lire, ces derniers temps :

1. 84, Charing Cross Road, d'Helene Hanff

Si vous ne connaissez pas, allez donc voir ici. Si vous n'avez pas le temps, sachez que c'est une autobiographie épistolaire superbe, brillante, éloquente !


2. Things I want my daughters to know, d'Elizabeth Noble

J'étais plutôt dubitative à l'égard de ce livre : une mère, atteinte d'un cancer incurable, décide d'écrire des lettres à ses quatre filles, à lire après sa mort. Ca peut être très sympa, ou très glauque...
J'ai été transportée : non seulement j'étais ravie d'avoir entre les mains un livre britannique écrit par un auteur britannique (quelqu'un qui connaît l'importance fondamentale de porter une Barbour, ou qui peut parler d'itinéraire de promenade dans Londres sans tomber dans le cliché !), mais la trame de l'histoire elle-même vous emporte au fil des mois...
Ce roman, tantôt truculent, tantôt triste à pleurer, m'a incroyablement émue.


3. Orgueil et Préjugés, de Jane Austen

 Bon, ok, ça n'est pas un roman épistolaire à proprement parler, mais re-lisez le attentivement, les personnages sont toujours en train de s'écrire une lettre, une missive, un billet (suivant la longueur de la correspondance, je suppose) ! C'est à croire qu'ils passent leur vie devant leur bureau, une plume à la main !!

4. Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles,de Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

Un roman feel good sans en être un, qui nous rappelle que oui, nous avons beaucoup de chance de vivre dans un monde plutôt en paix, et que non, il n'est jamais bon de dramatiser une situation...

5. Je vais bien, ne t'en fais pas, d'Olivier Adam

Lorsque la seule chose à laquelle on puisse se raccrocher, dans la vie, sont des lettres... Que se passe-t-il le jour où l'on comprend que le gros problème des lettres, c'est que l'expéditeur n'est pas toujours celui qu'on croie...

6. Les lettres persanes, de Montesquieu

Bon, j'avoue, lorsque j'ai dû les lire au collège parce qu'elles faisaient partie des recommandations de ma prof de français, je n'ai pas, mais alors pas du tout, apprécié le genre. Si c'était votre cas à vous aussi, essayez à nouveau : vous pourriez être surpris !

7. La bibliothèque des cœurs cabossés, de Katarina Bivald

Vous ne l'avez pas encore lu? Il a fait un tabac il y a deux ans... Depuis, les choses se sont tassées, un prix littéraire chassant l'autre comme à l'accoutumée... C'est à se demander parfois pourquoi on lit !
Enfin, voilà un roman très sympa, qui vous fait voyager et vous poser des questions (pas mal, pour un premier roman, non ?). Qu'on le prenne dans nos sacs pour un après-midi de lecture à l'ombre d'un arbre dans un parc parisien, ou dans nos cabas pour la plage, on passera un bon moment !

8. Lettre d'une inconnue, de Stefan Zweig

J'ai lu pour la première fois ce long monologue écrit par Zweig. J'en ai été bouleversée. et un peu déçue aussi : c'est peut-être la romanesque en moi, mais j'ai toujours préféré les fins heureuses... On peut dire que j'étais servie, ici !
C'est cependant magistralement écrit, et ça vous emporte...

9. Lettres à un jeune poète, de Rainer Maria Rilke

Je l'ai emprunté à une amie (à son insistance), en n'étant même pas sûre de le lire jusqu'au bout; mais elle en parlait avec tant d'admiration que je n'ai pas voulu la froisser. Bien m'en a pris : j'ai trouvé ces Lettres superbes. 
Elles ne se lisent pas vite, non. Et elles ne permettent pas de lire en diagonale, à la va-vite. Mais lisez lentement chaque ligne, et laissez la douceur des mots vous envahir. Rilke manie la plume comme un archet, et c'est une rivière joyeuse de mots qui s'échappe de ses pages. On est juste désolé de l'avoir fini trop vite !

10. Oscar et la dame rose, d'Eric-Emmanuel Schmitt

On ne le présente plus, tout le monde le connaît, tout le monde l'a lu : certains admettent même avoir pleuré en le lisant ! Cette histoire splendide et rayonnante du petit Oscar, dix ans, atteint d'un cancer incurable. C'était bien avant Les Mistrals Gagnants, et pourtant, on retrouve la même fraîcheur d'âme chez lui, la même douceur aussi.


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